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Un étudiant en Lituanie

Roadtrip de retour #2: On s'enjaille à Varsovie

Publié le 7 Février 2014 par Diamant in Carnet de voyage, Roadtrip

Note : j’écris cette article alors que je suis rentré depuis quelques jours, parce qu'écrire sur le vif pendant qu'on bouge un peu partout, c'est pas facile. Je ne joins pas de photos tout de suite parce que je trouve que ça casse le rythme des articles, je ferais probablement un album photo par la suite.

Warsaw - Varsovie

Varsovie est réputée pour être une ville moche. Curieusement, c'était pas mon sentiment. Alors certes, la ville s'étant pris la Wehrmacht (à l'aller, au retour et entre les deux) puis l'Armée Rouge (seulement à l'aller) et leurs délicats aménagements, l'immense majorité des bâtiments est d'une construction postérieure à 1945. De fait, toute cette architecture est assez grise et cubique, comme souvent dans les zones postsoviétiques. Mais certains coins ont été préservés ou reconstruits de sorte que le vieux centre a quand même des avantages. Il faut reconnaitre que l'ambiance générale est assez triste, voir glauque par endroits (surtout avec le ciel bas de l'hiver) mais la neige arrange assez bien tout ça. Parlons-en, de la neige : à notre arrivée, c'était le blizzard et l'avion a failli se planter. Le lendemain matin il continue de neiger de façon abondante. Et ça me comble, vu l'hiver très chaud dont je sors en France.

Bref, c'est sous quinze centimètres de poudreuse que nous entamons notre périple et la visite de Varsovie. Il fait froid, mais rien d'insurmontable : quelque chose comme -4 ou -5°C. Une bonne paire de gants, un bon bonnet et un pull supplémentaire permettent de tenir facilement. En plus ça permet à Camille ma camarade de voyage de frimer avec ses pulls de française.

Bien qu'elle ait été massivement bombardée pendant la guerre et que de nombreux monuments aient été détruits, Varsovie est restée une ville très culturelle. Les palais et les églises rasées furent tous reconstruits, et il y a de nombreux musées sur des nombreux sujets. Bien évidemment, il va falloir tout visiter !

La première étape, c'est le Palais Royal de Varsovie ou Zamek Królewski (moi je trouve quand même que le polonais est une langue moche, mais après tout qui suis-je pour critiquer les languages slavo-indo-européens). Le palais Royal, c'est comme son nom l'indique le siège traditionnel du pouvoir en Pologne (même si le président n'y réside pas), et un bâtiment symbolique pour les polonais. Victime de déglingueries successives au cours des différentes étapes de la guerre, il était totalement détruit en 44 et les polonais l'ont complètement rebâti dans les années 60. Il sert aujourd'hui pour les cérémonies officielles et abrite des expositions et des collections d'art.

La visite du château, assez strictement encadrée, est un premier contact avec l'organisation si particulière des lieux culturels polonais. Pour une raison inconnue, les autorités polonaises semblent fâchées avec l'organisation traditionnelle des musées et le concept de "sens de la visite": plutôt que de flécher les expositions ou les organiser de telle sorte que le seul accès soit le sens logique de la visite, ils préfèrent laisser absolument TOUT ouvert et poster un guide dans chaque salle (je ne plaisante même pas), dont la tâche sera d'engueuler en polonais les visiteurs importuns quand ils se trompent de porte et de les aiguiller sans ménagement vers la prochaine salle. Remarquez, c'est efficace.

Au sein du palais royal, une grande exposition regroupe de nombreux tableaux liés à l’histoire de la Pologne, des galeries de portraits des familles ducales et royales, des œuvres de qualité (deux Rembrandt, notamment). Mis à part l'organisation hasardeuse de la visite, ça vaut le détour. Au fil des galeries, il nous arrive de tomber sur des visages et des noms connus, vu que de nombreux rois de Pologne étaient aussi grands-ducs de Lituanie (celle-ci n'étant pas indépendante). A l'extérieur du château, un pavillon séparé abrite les appartements de Józef Antoni Poniatowski, qui dirigeait le Grand-Duché de Varsovie sous le Premier Empire français. Bien évidemment, pour le visiter il faut payer un supplément (au total, pour visiter tout le palais il faut payer trois billets séparés, les polonais ayant le sens des affaires). A l'intérieur, on peut trouver une énorme collection de tapis et de carpettes orientales des plus kitch, et surtout les appartements du Duc, meublés et décorés dans un magnifique style empire, avec dorures, abeilles et N impérial brodé, divans récamier, alcôves... De quoi donner de l'inspiration pour mon futur-petit-salon-de-quand-j'aurais-de-la-thune.

Sorti du palais royal, on explore un peu la vieille ville de Varsovie (Stare Miasto), où l'on peut encore voir des pans de la vieille muraille médiévale. Spectacle familier (et dans pas mal de pays de l'Est, j'ai l'impression) : comme à Vilnius, on installe des patinoires sur la place du marché. Là aussi, un anecdote stupéfiante : la vieille ville fut entièrement détruite durant la seconde guerre mondiale, mais reconstruite à l'identique par les polonais. Incluant les morceaux de muraille, les tours, les barbacanes et les vieilles maisons, oui oui.

Intermède gastronomique ♪

La faim se faisant sentir, il est temps de tester l'un des nombreux restaurants polonais du secteur. Première constatation : la bouffe n'est pas chère, puisqu'un repas vous reviens environ 30 zlotys (la monnaie locale), soit 7€.

En Pologne, il est impossible d'échapper aux pierogis. Les pierogis, ce sont des sortes de raviolis dont les polonais sont dingues et qui doivent constituer facilement 50% de l'alimentation locale. On en mange PARTOUT, et à toutes les sauces : à la viande, au choux, au fromage, grillés, bouillis, en soupe, ou même sucrés. Si, si, on peut manger une assiette de raviolis à la confiture baignant dans un genre de crème anglaise. C'est particulier, mais apparemment pas mauvais. Car apparemment, si en Lituanie on mange tout le temps, en Pologne en tout cas on ne mange pas de la même manière qu'en France : les polonais font leur principal repas de la journée aux environs de 16 heures, où ils mangent comme des GROS. Les portions polonaises sont ainsi taillées pour ne faire qu'un seul repas dans la journée, à coup de goulasch de 800g, de crêpes épaisses, de patates de saucisses, de cornichons, le tout accompagné de soupes.

Les restaurants n'étant pas rare à Varsovie, on y passe pas mal de temps. Mais retournons aux visites.

La Vieille Ville - c'est à dire les quelques quartiers reconstruits après la guerre - se visite assez vite. Elle est pourtant intéressante, avec son architecture quasi-médiévale et ses bâtiments haut. On peut y voit les remparts, les barbacanes, de nombreuses boutiques à touristes vendant notamment de l'ambre de Lituanie (je n'ai pas pensé à comparer les prix, mais ça aurait pu être intéressant), la vieille place du marché, et dans un vieil immeuble bourgeois, l'ancien appartement de la famille de Marie Curie qui abrite un musée dédié à celle-ci. Les lieux culturels étant très rarement gratuits en Pologne, il faudra débourser quelques zlotys pour visiter, mais c'est assez intéressant à voir, et cela permet aussi de constater que les polonais sont très, très fier de leur physicienne, même si elle a accompli l'ensemble de ses travaux en France (ce qui relance l'épineux débat "qui empoche les lauriers entre le pays d'origine et le pays d'adoption ?").

Au nord-ouest de la vieille ville, j'étais très impatient de découvrir le ghetto de Varsovie, ou du moins ce qu'il en restait. Et il n'en reste plus grand choses, hélas. Le ghetto n'a pas fait exception devant les destructions massives de la guerre et est aujourd'hui entièrement remplacé par un quartier moderne aux rues carrées et à l'architecture soviétique. Circulez, il n'y a vraiment plus rien à voir. Par contre, en plein milieu de ce qui était le ghetto se dresse le tout nouveau Musée de l'Histoire des Juifs Polonais, une structure énorme en forme de cube et à l'architecture contemporaine très symbolique. La sécurité à l'entrée est renforcée, avec des détecteurs de métaux et un portique sécurisé obligatoire : probable que tous les polonais ne sont pas enthousiastes à propos de cet édifice culturel. Manque de chance, l'exposition permanente n'est pas prête, il faut se rabattre sur l'exposition temporaire "Biography of things" : elle présente des centaines d'objets liés aux juifs de Pologne, prêtés par des citoyens polonais, souvent récupérés après la guerre. Ces objets vont de la guitare ornée de l'étoile de David aux photos de familles, vieux vêtements etc, en passant par des talmuds camouflés en livre de poche, voire à la fameuse cravate portant la mention "fabriquée par une entreprise non-juive". Tous ces objets sont accompagnés d'une notice et d'une petite vidéo de la personne qui l'a prêté, expliquant leur histoire. C'est présenté de manière très sobre, sans pathos excessif mais ça prends aux tripes.

Varsovie compte plusieurs autres coins à voir absolument.

Déjà, le Musée de l'Insurrection est incontournable. Par contre, étant situé loin du centre, il vous faudra soit prendre le bus soit marcher une plombe (de préférence sous la pluie) avant d'y arriver. Le bâtiment est récent, très bien fait et totalement immense : c'est un hangar énorme dédié à l'occupation nazie, soviétique, et principalement à l'insurrection de Varsovie de 1944. La visite complète prends au minimum deux heures vu l'ampleur du truc. Frises chronologiques, armes d'époque en exposition, vidéos d'archives ou de témoignages d'anciens combattants, films en 3d, reconstitutions de quartier dévastés, lettres et rapports de partisans ou d'officiers nazis... Le musée est high-tech, peut être grâce aux subventions européennes, et attire des foules compacts de polonais ou de touristes étrangers. Des témoignages ou des vidéos d'archives retracent l'historique des combats des polonais contre les nazis, contre l'armée Rouge ou contre les Polonais sympathisants des deux bords, puis le passage en clandestinité des résistants pendant l'occupation soviétique.

Le Musée Chopin est tout aussi high-tech : situé dans l'ancien manoir de la famille de l'illustre pianiste, c'est un véritable autel à la gloire du plus célèbre des musiciens/compositeurs polonais. Des centaines d'objets personnels lui ayant appartenu sont exposés, on peut y entendre des concerts sur de vénérables pianos à queue ayant connus le Maître, y entendre des compositions chopinesques dans des installations à l’acoustique parfaite, et y voir des œuvres d'art/des portraits de l'ami frédéric venus des quatre coins du monde (dont un portrait par Georges Sand).

Enfin, le Palais de la Culture est une énorme tour dans le plus pur style Gotham City. Totalement démesuré, caprice de Staline qui en fit construire des semblables dans toutes les grandes villes d'URSS (afin, parait-il, de désorienter d’éventuels bombardiers occidentaux), il accueille une salle de concert ÉNORME, plusieurs salles de cinéma, des salles de conférence tout aussi démesurées, tout cela en (faux) marbre et plâtre soviétique avant d'éblouir les masses prolétaires. Ça fait toujours son petit effet, mais l’œil observateur ne peut s'empêcher de remarquer que les dorures s'écaillent et que le plâtre se casse un peu la gueule.

Nous restons trois jours à Varsovie. Au fil de ces trois jours, la neige très abondante à notre arrivée diminue peu à peu, pour finalement se changer en vieux crachin dégueulasse que nous avons déjà eu l'occasion de subir en Lituanie et auquel je suis presque habitué. Reste que passer la journée sous la pluie en s'imbibant de plus en plus d'eau finit par mettre mes nerfs à rude épreuve, et la désormais traditionnelle étape "Pierogi+vin aux épices" est accueillie avec gratitude avant de rentrer à l'hostel.

Après tout ce tourisme sans scrupule dans la grande ville, direction la gare et le train pour Cracovie, suite de mon périple. Qui fera l'objet d'un autre article que j'essaierai d'écrire un peu plus rapidement parce que c'est pas tout ça mais le temps file, hein.

La suite au prochain épisode !

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