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Un étudiant en Lituanie

A Tower in the Mist : Riga, épisode II

Publié le 24 Novembre 2013 par Diamant in Carnet de voyage, Album photo, Lettonie

A Tower in the Mist : Riga, épisode II

Une folle soirée de vendredi soir au FolkBar, pour être réussie, doit inclure a minima : une dégustation du Balsam et de la bière locale, une discussion éthylisée avec une bande d'allemands et un italien de Gènes (sur le thème: Woh putaaaaaain c'est vous qui faites le meilleur pesto du mooooonde), au moins deux quiproquo cocasses causés par une compréhension imparfaite de la langue russe (dont un à connotation sexuelle et un autre impliquant la mère d'un des participants à la discussion), un groupe de Folk Métal Viking complètement bourré décidant, puisque c'est comme ça, de varier leurs horizons et de jouer le thème musical de Mario et au moins un débat intense sur les contingences politico-économiques de l'Europe de l'Est contemporaine.

Sans surprise, le samedi matin est donc relativement calme à l'hôtel, le temps que tout le monde émerge. La douche et le petit dej' expédié, tout le monde est sur le pont, direction la Cathédrale Saint-Jacques (la deuxième des trois cathédrales de Riga).

Celle-ci est catholique, et partiellement en travaux. Il faut quand même payer l'entrée, ce qui énerve un peu mes amis (les filles s'en foutent, elles veulent juste faire des photos). Heureusement, le spectacle en vaut la peine, avec en plus de l'architecture intérieure, une exposition de peintures et d’œuvres d'art diverses.

Des vieilles pierres, des antiquités, et des peintures à l'huile. Jeu: trouvez les deux triforces qui se sont astucieusement dissimulées dans les gravures médiévales.
Des vieilles pierres, des antiquités, et des peintures à l'huile. Jeu: trouvez les deux triforces qui se sont astucieusement dissimulées dans les gravures médiévales.
Des vieilles pierres, des antiquités, et des peintures à l'huile. Jeu: trouvez les deux triforces qui se sont astucieusement dissimulées dans les gravures médiévales.
Des vieilles pierres, des antiquités, et des peintures à l'huile. Jeu: trouvez les deux triforces qui se sont astucieusement dissimulées dans les gravures médiévales.
Des vieilles pierres, des antiquités, et des peintures à l'huile. Jeu: trouvez les deux triforces qui se sont astucieusement dissimulées dans les gravures médiévales.
Des vieilles pierres, des antiquités, et des peintures à l'huile. Jeu: trouvez les deux triforces qui se sont astucieusement dissimulées dans les gravures médiévales.
Des vieilles pierres, des antiquités, et des peintures à l'huile. Jeu: trouvez les deux triforces qui se sont astucieusement dissimulées dans les gravures médiévales.

Des vieilles pierres, des antiquités, et des peintures à l'huile. Jeu: trouvez les deux triforces qui se sont astucieusement dissimulées dans les gravures médiévales.

La gallerie des armoiries. On se croirait à Poudlard.
La gallerie des armoiries. On se croirait à Poudlard.
La gallerie des armoiries. On se croirait à Poudlard.
La gallerie des armoiries. On se croirait à Poudlard.
La gallerie des armoiries. On se croirait à Poudlard.
La gallerie des armoiries. On se croirait à Poudlard.

La gallerie des armoiries. On se croirait à Poudlard.

Mais le principal intérêt de la cathédrale, c'est la possibilité de pouvoir emprunter un ascenseur ultramoderne pour grimper l'équivalent de 12 étages dans le clocher et aboutir en haut du clocher, pour profiter d'un panorama saisissant sur la capitale lettone. Une fois en haut, et malgré le temps brumeux, humide et froid, on a une vue sur tout les environs.

Une bien jolie vue sur la ville par delà la Daugaiva malgré un temps pourri, il faut bien le dire.
Une bien jolie vue sur la ville par delà la Daugaiva malgré un temps pourri, il faut bien le dire.
Une bien jolie vue sur la ville par delà la Daugaiva malgré un temps pourri, il faut bien le dire.
Une bien jolie vue sur la ville par delà la Daugaiva malgré un temps pourri, il faut bien le dire.
Une bien jolie vue sur la ville par delà la Daugaiva malgré un temps pourri, il faut bien le dire.

Une bien jolie vue sur la ville par delà la Daugaiva malgré un temps pourri, il faut bien le dire.

En ces plats pays, il est rare de pouvoir prendre un peu d'altitude: on profite donc d'autant plus de cette bouffée d'oxygène. Enfin, on en profite 10 minutes car le froid là haut est encore pire, et le vent glacé nous découpe en rondelle malgré nos vêtements chauds. Sous les bonnets et les écharpes des filles, leurs frimousses toutes rougies par le froid donnent un avant-goût de l'hiver. Xолодно ? Да, холодно.

Il est temps de redescendre sur terre. Après un rapide brunch dans un restau latvian, nouvelles déambulations de par la ville, qui est de plus en plus engloutie par la brume.

Il est intéressant de constater la fracture entre le centre-ville de Riga et le reste du pays: le vieux centre est très riche, très touristique, et aussi très surveillé: c'est manifestement la vitrine du pays. J'y remarque souvent des caméras de surveillances, littéralement à tous les coins de rue et pas seulement près des monuments historiques et importants, et les flics locaux y patrouillent très souvent. Le secteur est littéralement quadrillé par les patrouilles, qui me semblent d'ailleurs bénéficier d'un meilleur équipement que dans le reste de la ville. Bref, la Lettonie tient à protéger ses investissements touristiques. Également, il semble que très peu de lettons y vivent, remplacés par des touristes ou des investisseurs immobiliers : de toute façon, les prix y sont beaucoup trop élevés pour les locaux.

Le premier bâtiment est le palais présidentiel Letton. Si, si.
Le premier bâtiment est le palais présidentiel Letton. Si, si.

Le premier bâtiment est le palais présidentiel Letton. Si, si.

L'après-midi, sur les bons conseils d'Igor et de Tatiana qui après un intense débat en russe ont fignolés notre programme des visites, on saute dans le train depuis la gare de Riga. Direction un petit bled des environs, Turaida.

Plus exactement, le train s'arrête à Sigulda, au nord-est de Riga, dans les terres. Après une petite heure de voyage sans histoire, on saute du train pour prendre un minubus qui nous amène à Turaida.

Turaida, c'est un petit village mais surtout un château placé au sommet d'une colline, qui commande les méandres de la rivière Gauja et les collines alentour (qui constituent le parce national de la Gauja). Le château est inégalement conservé, a été détruit et reconstruit à de nombreuses reprises au cours du temps, comme souvent les vieux châteaux baltes. Pour la petite histoire, Turaida veut dire en livonien "Le jardin de Thor". Ça en jette, non ?

Le château en lui-même est intéressant, complété par un petit musée médiéval. Malheureusement, la brume et la pluie nous ont suivis, nous cherchons refuge dans le Donjon.

Le vieux château de Turaida: vieilles pierres et romantisme livonien.
Le vieux château de Turaida: vieilles pierres et romantisme livonien.
Le vieux château de Turaida: vieilles pierres et romantisme livonien.
Le vieux château de Turaida: vieilles pierres et romantisme livonien.
Le vieux château de Turaida: vieilles pierres et romantisme livonien.
Le vieux château de Turaida: vieilles pierres et romantisme livonien.
Le vieux château de Turaida: vieilles pierres et romantisme livonien.

Le vieux château de Turaida: vieilles pierres et romantisme livonien.

Depuis le Donjon, on a une vue exceptionnelle sur le pays aux alentours. Des collines, des forêts, très peu de traces de civilisation : avec la brume et le froid du Nord, on s'attend presque à voir débarquer des hordes de barbares ou de Marcheurs Blancs à travers les bois.

Les brumes du Nord.
Les brumes du Nord.
Les brumes du Nord.

Les brumes du Nord.

Mais Turaida, c'est aussi deux particularités culturelles dont les lettons sont fiers : la plus vieille église en bois du pays, qui rappelle un peu les églises scandinaves. Et la légende de la Rose de Turaida, une histoire médiévale romantique comme on les aime, et que je m'en vais vous conter.

 

L'histoire se passe vers 1600. Le Seigneur de Turaida était alors puissant, vassal de l'Archevêque de Riga. Comme c'était un homme au tempérament joueur et primesautier, il ne rechignait pas à mettre sur la gueule à ses voisins dans la joie et la bonne humeur, et ceux-ci le lui rendaient bien. Un jour, après une furieuse bataille au pied de la Colline de Turaida, le clerc local se promenait sur le champ de bataille. Je ne m'explique pas trop pourquoi, d'ailleurs : soit il aimait les paysages de massacres et dans ce cas c'était un esthète un peu trop hardcore pour moi, soit il comptait les morts pour attribuer les points au Championnat Inter-Duché, soit il cherchait à piquer les chaussures des macchabées.

Bref, notre clerc obscur fait sa petite promenade au milieu du charnier, et tombe sur les dépouilles d'une bande de villageois qui n'ont pas pu se planquer dans le château à temps (et se sont donc fait prestement occire). Examinant les dépouilles (sûrement pour vérifier la pointure des godasses, si vous voulez mon avis), il découvre avec stupeur un bébé encore vivant dans les bras de sa mère morte. Il la récupère et la ramène au château, décidant de l'élever comme sa propre fille.

La jeune demoiselle reçut le nom de Maija (ce qui signifie "mai" en Letton, comme le mois de sa découverte) et grandit pour devenir une jeune fille d'une beauté telle qu'on la surnomma "La Rose de Turaida". Ayant atteint les dix-huit ans, elle tomba amoureuse de Viktor, beau jeune homme du même âge qui travaillait comme jardinier du Château de Sigulda, non loin de là. Les deux zamoureux se rencontraient régulièrement dans la grotte de Gutmanis, non loin, pour y vivre leur passion loin des préjugés et des connards en armure. A l'automne 1620, ils commencèrent à préparer leur mariage, sans que cela ne gène personne.

 Un soir, Maija reçut un petit mot de son amant lui demandant de la retrouver dans la grotte, comme d'habitude. Hélas, une fois rendue sur place, ce n'était pas Viktor qui l'attendait, mais Adam Jakubowski, mercenaire polonais en virée dans la région. Homme d'action, celui-ci lui fit un topo synthétique de la situation : elle pouvait soit l'épouser maintenant de son plein gré, soit résister, se prendre quelques baffes et finir attachée à son cheval.

 La pauvre Maija, qui avait le sens du tragique, proposa un marché au mercenaire : en échange de sa liberté, elle lui offrit son écharpe magique ayant le pouvoir de rendre invulnérable la personne qui la portait. Le mercenaire, sentant venir l'arnaque, demanda des preuves: avec aplomb, la jeune Maija enroula fermement son écharpe autour de son cou et mit son ravisseur au défi de la frapper. Le polonais tira son épée et planta la jeune fille, qui perdit la vie mais sauva son honneur et son amour.

 Le pauvre Viktor, qui finit par tomber sur la dépouille de sa défunte copine, fut même accusé de ce meurtre par la suite, mais innocenté par le témoignage d'un acolyte de Jacubowski, celui là même qui avait remis le faux petit mot à Maija. Il enterra son amour près du château, planta un tilleul sur sa tombe et poursuivit le sale polak dans tout le pays: il finit par le capturer, l'amena devant la justice du Seigneur de Turaida qui le condamna, et le pendit de ses mains. Après quoi, il quitta le pays pour toujours.

 

 Depuis, les jeunes mariées de la région déposent des fleurs sur la tombe de la Rose, pour pouvoir connaitre la même fidélité et la même dévotion à leur amour.

 Aujourd'hui la tombe est toujours là; le tilleul a atteint l'âge honorable de plusieurs siècles, et on peut même consulter dans les archives du Donjon les comptes-rendus des procès contre Viktor et contre le Mercenaire.

Cette petite église est classée monument historique ++, et est dotée d'une caméra de surveillance, des fois qu'un malandrin voudrait la piquer.

Cette petite église est classée monument historique ++, et est dotée d'une caméra de surveillance, des fois qu'un malandrin voudrait la piquer.

La tombe de la Rose de Turaidas. C'est krô triste son histoire et pis tellement romantique.

La tombe de la Rose de Turaidas. C'est krô triste son histoire et pis tellement romantique.

Alors que le soir tombe, il est temps de prendre le train du retour, sous la pluie bien évidemment. Une fois rendu à Riga, un repas bien mérité nous attend au FolkBar, pendant que ceux qui le souhaitent foncent sur les débits de boisson pour ramener du Balsam au pays. La soirée se passe bien, et nous regagnons notre auberge sur les coups de minuit pour bien profiter de notre dernier jour.

Le dimanche matin, le groupe se sépare: les filles veulent faire du shopping et parcourir la ville entre girlz, et nous partons donc de notre coté avec Igor, Vitalij et Vladimir. En sortant un peu des sentiers battus, on se dirige vers le port de Riga, un endroit qui vaut le détour.

Le port est tout sauf touristique: c'est une zone industrielle assez crade, bien plus petite que dans une vraie ville portuaire. Il accueille toutefois des bateaux de transport qui viennent décharger leur marchandise dans les entrepôts, et les énormes ferry qui remontent la Daugava pour relier Riga à Tallinn ou Helsinki. C'est aussi un lieu assez couru par les jeunes, on y trouve des entrepôts où l'on peut acheter de la nourriture, de l'alcool ou des vêtement de marque en gros et pour pas cher, des gargotes où manger et un club bien louche mais néanmoins extraordinaire: le First Daça. Grosse ambiance les soirs d'été, malheureusement nous somme dimanche. Je reviendrais au printemps pour profiter des bons live-sets là bas.

On se pose quelque instants sur les bords du fleuve pour admirer le ballet des ferry, mais il est bientôt l'heure de retrouver les filles puis de rentrer.

Dans le port de Riga, y'a des marins qui dansent...
Dans le port de Riga, y'a des marins qui dansent...
Dans le port de Riga, y'a des marins qui dansent...
Dans le port de Riga, y'a des marins qui dansent...
Dans le port de Riga, y'a des marins qui dansent...
Dans le port de Riga, y'a des marins qui dansent...
Dans le port de Riga, y'a des marins qui dansent...

Dans le port de Riga, y'a des marins qui dansent...

En début d'après-midi, nous retournons à la gare pour nous installer dans les bus et commencer le long voyage de retour à Vilnius. Le trajet se passe à dormir, avant de finalement rentrer vers 19 heures. Épuisé, mais des souvenirs plein la tête, je me fais une tartine de caviar avant de m’effondrer sur mon lit. C'était ma première vraie excursion hors de Lituanie, du 31 Octobre au 3 Novembre. Il y en aura d'autres, mais pour l'heure, il faut se mettre au boulot, les examens de décembre approchent à grand pas.

PS: pour les amateurs de street-art, j'ai regroupé l'essentiel de mes trouvailles street-art à Riga dans l'article "Riga Bonus".

La suite au prochain épisode !

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